Bernard Boulard, 44 ans depuis le muguet. (redif)

(Retranscrit de l'émission sous les étoiles exactement du 19 Novembre de Serge Le Vaillant)

Déja entendu le 10 Octobre 2008

Bernard, Bernard Boulard, 44 ans depuis le muguet. J’habite au Chatelet-Sur-Souilly, en Tarn-et Saône, au Chatelet juste après le cimetière, à main gauche bien sûr ! Le pavillon en meulière avec les volets rouges et bleus et puis le poulailler sur la droite. Passez-me voir à l’occasion ! Passez-me voir, j’vous donnerai des œufs frais ! Et puis on discutera ! Mais non…, ça dérangera pas ! Pensez ! J’vis seul. Vous f’rez pas attention au désordre, c’est tout ! Vous savez c’que c’est, un célibataire endurci… Non ? Vous savez pas ? Et ben… passez ! J’vous montrerai !

Bernard ! Bernard Boulard ! Oui… « Bouboule », comme de juste ! On m’a très vite surnommé ainsi : « Bouboule » avant que je ne puisse réagir, j’ai pas fait attention, je ne fais plus attention… j’ai pas résisté, pas assez ! Alors c’est resté. Maintenant que j’ai atteint la force de l’âge, physiquement et spirituellement, j’ai compris que ça ne m’avait guère aidé dans l’existence… Les gens sont méchants ! Ah!?, Vous l’avez constaté vous aussi ? C’est important un nom ! Un nom ! C’est précieux ! Souvenir des ancêtres et des parents, c’est peut-être la dernière chose qu’il nous reste ici-bas, gravé dans le granit, dans le marbre, Oui ! C’est la dernière chose ! Ca et puis le rêve…
A priori, Papa et Maman se sont cassé la nénette pour vous donner un joli prénom qui correspond…à leur humeur, à leur culture, à leurs sentiments, j’parle pas des feignasses qui piochent dans les feuilletons TV ou dans le générique des chanteurs à la mode ! Qui baptisent leur rejeton du prénom de leur idole ! Idole qui sera ringarde absolue quand le rejeton en question aura vingt ans ! Elvis Gandon, Johnny Bertin, Chakira Gadan, Britney Viguier…
C’est vrai que c’est très important un nom, un prénom, je ne vais pas philosopher là-dessus pendant des heures, alors que d’autres, des savants, des experts, devraient effectivement se pencher sérieusement sur ce problème. Ouais, il faudra bien un jour ou une nuit, eh ! On peut me réveiller, ça ne me dérange pas ! Il faudra bien qu’on m’explique pourquoi un garçon sain d’esprit préfère sortir avec une Pamela Marechal qu’avec une Suzanne Poilbout ? Avec une Vanessa ou une Stéphanie Leroyer plutôt qu’avec une Thérèse Voignard ? Stéphanie Leroyer, Pamela Maréchal… « Ca fait plus classe ! » Qu’y m’a dit un jour le gars Michel qui a une lampe de poche ! Pourtant, qu’est ce qui indique seulement dans l’association de prénoms et de noms, qu’une Paulette, une Solange, une Rolande soient moins girondes, moins sympas ou sachent moins bien faire la cuisine qu’une Océane, une Gwenaëlle, une Vanessa ?
Moi, je, personnellement, en ce qui me concerne, moi-même, Bernard Boulard, alias « Bouboule », je ne me suis jamais arrêté à ces petites considérations. Pour moi, une femme, une fille, ce n’est ni un prénom ni une apparence ! La beauté, la beauté… mais, qu’est-ce que c’est la beauté ? Chacun son goût, et puis, hé ! Franchement ! « Tout passe, tout lasse ! »

La beauté, c’est selon les modes, selon les époques ! Non, franchement, sincèrement, j’penses différemment. Pour moi, ce qui compte, c’est l’âme, la sensibilité ! D’ailleurs, toutes les femmes nous sont bien supérieures en ce domaine ! Oh ben ! C’est connu ! Ca a été prouvé scientifiquement en laboratoire à température ambiante. Les femmes, j’aime leur conversation, leur profondeur, leur vision du monde, de la planète, qu’elles devraient d’ailleurs diriger depuis longtemps, elles nous sont tellement supérieures et puis elles ont tellement été exploitées, étouffées, muselées, oui, le monde serait plus beau, et meilleur, si les femmes étaient au pouvoir ! « Arfff ! Pfff! ! Mais j’déconne !!! Quand j’rencontre une Meuf, par-devant j’y matte les seins ! Eh, y a qu’ça qui compte ! Et puis par derrière, j’lui matte le… !»
J’plaisantais évidemment ! , Ben non, j’plaisantais pas : J’ai été sensible aux femmes dès le plus jeune âge. Ah ! Moi, les femmes, ça m’a tout de suite intéressé ! Y avait bien des moments où la compagnie des mecs, des copains me plaisait davantage, mais ça ne durait guère. C’est vrai que pour jouer au « foutbale », les nanas ça vaut pas tripette. Et pour la castagne, faut pas compter dessus non plus : Ca geint, ça gémit, ça couine au premier coup, c’est fragile ! D’ailleurs, ça joue avec ça ! Je parle du moment de l’enfance, avant les conneries, les délires, les mensonges, les à-peu-près qui sont parfois, souvent, causes des plus grands désastres et des pires désespoirs dans l’existence.
Dès l’enfance, il y avait une force inconnue en moi qui me poussait vers les femmes. Souvent la nuit, je rêvais de maître Yoda qui me disait : « Femme à poil tu pourrais toucher, si, plus grand, tu étais ! » Oui, une force inconnue, c’est quoi le mot? « Irrésistible » voilà, oui ! « Irrésistible » ! Il a fallu quelques années pour que je me rende à l’évidence que… eh ben moi, je ne l’étais pas… « Irrésistible ».

Dès le plus jeune âge, je savais, je sentais ce qu’était la beauté ! Monique Monsigny ! Monique Monsigny ! Oh ! Petite brune à frange et à tâches de rousseur, qui débordait de partout, et surtout de son soutien-gorge ! Fabienne Leguilcher ! Fabienne Leguilcher ! Montée comme une pouliche !

Et puis alors… Marcelle ! Marcelle Pilorget ! Un sourire !
Monique, Marcelle et Fabienne, les trois plus belles filles sur la communauté de commune en habitation de logements. Les trois plus belles ! Mes trois muses… Ah ! Les saletés ! Ah ! Faut voir ce qu’elles sont devenues ! Depuis, la Monique que l’on appelait « Jeanne Mas » parce qu’elle ressemblait à Desireless, adolescente, « voyage-voyage »…

Elle en a pas fait beaucoup des voyages… Elle a fini par épouser un fils Bertin, le cadet de Raoul Charcuterie-Traiteur, y-z-ont hérité la boite, elle est derrière la caisse depuis des lustres. Trois dents en argent.

A force de bouffer les invendus, ça lui a gâté la trogne… elle a quatre double-mentons, si on compte les seins… de Jeanne Mas, elle est passée à Jackie Sardou en moins d’une génération !

Oh ! J’critique pas hein ! Y a une clientèle pour tout, pour ça ! Je constate, rien de plus.
Passons sur le cas de la Monique que l’on appelait Jeanne Mas… En revanche, j’étais très copain avec Fabienne Leguilcher et Marcelle Pilorget. Ah oui, j’étais un grand ami, ça a duré des années ! J’étais le confident de ces demoiselles. Auprès d’elles, j’ai tout entendu, tout su… « Bouboule le confident ! » Brave gars, toujours prêt à rendre service ! Hé ouais…, il faut aller la chercher au Square Georges Chollon ? Bouboule il y va ! Il prend le solex, la mobylette, la 4L,

le tracteur, y va chercher la donzelle ! Elle s’est fait jeter, elle chiale, elle s’est fait ploter, rouler des gamelles et ron-et-ron petit patapon ! Elle s’est fait fiche de sa trogne et foutre tout court ! Elle chiale encore ! Elle sait pas comment rentrer chez ses parents… alors elle appelle Bouboule ! Bouboule toujours disponible et serviable ! Et elle s’épanche non, non, non, non, non ! Pas sur mon épaule ! Elle s’épanche de loin, et tout, elle me raconte tout ! Bouboule, c’est le vomitoire, le dégueuloir, le chiotte ambulant. « Allez ! Vas-y ma poule ! Déverse puisque tu as besoin ! Et puisque je suis là… » Je ne réponds rien, je ne conseille rien, j’écoute c’est tout ! J’écoute et ça suffit pour que je sois un type formidable ! Mais ouais ! Il paraît qu’j’suis merveilleux mais… la bibise… non non non !

Bernard Boulard, Bouboule, le cheveu gras, le visage disgracieux et lunaire, j’tiens ça d’ma branche Gandon ! A seize ans, j’faisais déjà le quintal ! Attention ! Pas gros : bien portant, bien porté, pas racho plutôt dans le style Lino Ventura, un vrai mec quoi ! Pas une ablette ! Le type d’un certain arrondissement, confortable, rassurant, en survêtement satiné… et ben non, les quilles à la vanille, ça les a jamais intéressé…
Bernard Boulard, alias Bouboule, mais quelle fille a envie de sortir, de s’afficher avec un type qui s’appelle Bouboule ???

« Alors Samantha, qu’est ce que tu fous dans ta life ? »

«Ohhhh ! Ben j’ai rencontré un mec super sympa, il s’appelle Bouboule ! »

Non, c’est pas possible ! On ne gémit pas en disant : « Bouboule ! Ahhh ! Ahhh oui ! Ahhh ! Bouboule ! Ahh ! Bouboule !!!!!! » Non, on ne gémit pas en disant Bouboule, pas plus qu’on ne soupire au prénom de Jean-Claude (Ahh ! Jean-Claude !) ou de Serge, ou de Jean-Louis, ou de Marcel. (Ah ! Oui ! Marcel !)

Dès la naissance, dès le baptême, on est, voilà ! On est marqué. Quand on se nomme Bernard Boulard alias Bouboule, on est condamné à l’Opel Kadett, ou au port de survêtements avec la marque des genoux, avec les clés de la bagnole qui « gling » dans la poche droite, les décalcomanies sur la malle arrière, le pare-soleil « PSG ou OM je t’aime », bref, une buse, prêt à faire du tunning !
Très jeune, dès le plus jeune âge j’ai été sensible à la féminité et à la beauté, ouais… et personne ne voulait de moi, malgré ma bonne volonté… Tiens, j’me souviens au lycée, on s’alignait sous l’préau nous les mecs, au lycée, chaque matin, pour faire la bise aux filles. Elle embrassaient tous les copains, mais moi, on me serrait la main… mais...Hé ! Avec le sourire : « Bouboule bon copain !, L’ami en cas de pépin, le bon pote qui sait écouter et qui sait raccompagner ! » Il m’a fallu quelques années pour comprendre le système.
Allez, j’vous rend service, je vais vous l’dire scientifiquement et poliment : Une belle gonzesse, elle rêve de sortir et de se marida avec un beau gonze, un beau gars, et même un très beau si possible ! Le reste, elle en a rien à faire ! Le beau gars en question, c’est une truffe ! Un crétin hydrocéphale, rien dans le cervelas, tout dans l’coup d’rein, passionné de jeux sur la console vidéo, de pastaga et de maquereau au vin blanc à déguster durant des heures sur le canapé devant la télé… Elle s’en moque ! Elle veut qu’il soit BEAU ! Elle veut un beau mec ! 

Ahhh ! La vie, c’est comme un ouragan !

Mais cette vie, elle est bien organisée, il faut comprendre ça ! Ok ! J’comprends ! Les beaux mecs avec les belles nanas, les belles nanas avec les beaux mecs…, alors y m’reste…non ! J’vais pas dire celles qui sont pas belles. J’vais dire celles que les autres considèrent moins belles. Longtemps j’ai pensé que… avec celles que l’on considère moins belles, j’avais une chance de trouver l’âme sœur, la compagne, pour l’existence. C’est important ça ! De se donner la main, de s’accompagner, de savoir que l’autre sera toujours à coté ! Celles que les autres trouvent moins belles, eh oui ! Mais celles-là, ces crétines, elles rêvent d’avoir un beau gars !