Du brut de décoffrage !
(Retranscrit
de l'émission sous les étoiles exactement du 6 Avril 2010 de Serge Le Vaillant)
Y a
de ça oh… Y a pas longtemps, c’est même pas digne de naguère, de l’autrefois ou
de l’Antan, comme, et puisque vous êtes bien gentils, tous autant que vous êtes,
comme un seul homme, éveillés, réveillés, insomniaques, somnambules, tombés du
lit par inadvertance, gardiens de parkings, comme d’autres ont gardé le feu
dans les cavernes… Oh ! Non ! Nous n’irons pas jusque-là ! Je ne
vous entrainerai pas jusqu’aux temps préhistoriques ! Pourtant, on va
rester chez les sauvages ! Vous verriez leurs tronches et vous voteriez
pour eux, on casserait du silex d’ici pas longtemps ! D’ailleurs, on n’en
est pas loin de casser du silex avec les zèbres élus qui continuent de nous
prendre pour ce qu’on n’est pas vraiment ! Enfin… Chacun son métier !
Le notre, c’est de bosser !
Y a
de ça… Oh ! Toute une histoire et pas grand-chose en définitif !
C’était y a pas trois jours, le long du zinc ! Le zinc… La plupart du
temps, je dis le comptoir, j’sais pas pourquoi ! Ca doit à cause, ou grâce
à mémé Ursule, qui était une bonne nature, mais elle descendait ses deux
casiers de sauvignon quotidiennement ! Mais à l’apéro, attention !
Elle était moins rapide et téméraire ! Elle faisait une manière de pause,
toujours à la Suze ! Enfin…. J’ai pas le droit de faire de la pub !
La Suze ! Tiens ! D’ailleurs, je voudrais en faire de la pub !
Tiens ! Même, y me fileraient un petit chèquosse, pour dire du bien, adroitement
de ce produit précité, et ben je le pourrais pas quand-même ! D’abord
par honnêteté déontologique et puis ensuite et surtout parce que la Suze, j’ai
toujours trouvé ça dégueulasse ! N’empêche que mémé Ursule, bonne nature,
clamait et proclamait que ça pouvait pas faire de mal, puisque c’est élaboré
avec des plantes !
Le
long du comptoir, donc, ou du zinc, c’est au choix, et je vous parle bien sur
de… Ah ! Non ! Ah ! Non ! Non ! Non ! Non !
Vous m’aurez pas cette nuit ! C’était le comptoir de chez Saïd, a l’Oasis,
au bas de la côte Sainte-Sournoise, patronne des femmes infidèles, en sortant
du bourg à Plouhrinnec-Kermarleur ! Bande de malheureux et
d’innocents ! Vous pensiez déjà en votre for intérieur et votre conscience
de mécréants que j’allais vous attirer une fois de plus au petit bar de
l’Escale, en haut de la côte du Paradis ? Oui ! L’estaminet dont le
patron est l’Olivier, qui a été ambulancier dans les années 80, et qu’a fait
dans le porno, comme il dit, dans les seventies ! Et ben non ! Que
nenni ! Bien eus ! Ca se passait à l’Oasis !
J’étions
donc au comptoir, pardon… Au zinc de l’Oasis, où Saïd, qui a le sens de
l’hospitalité alsacienne, donne des bouts de merguez à la généreuse au moment
de l’apéro ! Pas comme un certain gras-du-bide, ancien acteur érotique,
qui fait payer les cahuètes au distributeur tout en percevant son pourcentage
au passage ! C’était y a pas trois jours ! P’t’être bin vendredi
soir ! Nous étions… Ah ! Ben ! C’est encore moins
compliqué ! Nous étions deux ! Ouais ! C’est pas difficile à
compter, deux ! Ca se trouve même sur les doigts d’une seule main d’un
bucheron canadien ! Y avait moi, ça c’est sûr ! Ah ! J’allais
oublier Saïd ! Oh ! Y va pas être content ! J’étions donc trois,
avec Saïd et avec cet insolite de Norbert, Nono, Gandon, qu’était compteur de
camionnettes autrefois aux abattoirs Boulard et fille ! Et puis, qu’est ce
que vous voulez ? Un homme est un homme ! On n’est pas de bois,
c’est-y pas vrai ? Il lui est venu comme des velléités artistiques !
Quarante heures par semaine dans sa guérite, sous la casquette pour faire
genre… Ah ! Oui ! La casquette, c’est pour faire genre !
Ah ! Ca, mon vieux, dès qu’un con veut se prendre pour un flic, manière de
rappeler à ses concitoyens un certain ordre, y peut pas s’empêcher mon vieux,
faut qu’y mette un uniforme pour faire semblant et pour se mettre en
valeur !
D’ailleurs,
la panoplie vaut bien dans plusieurs domaines ! Si on veut s’arrêter un
moment à une réflexion certaine non dénuée de bon sens, force est de constater
que l’uniforme semble faire le moine, l’évêque, l’imam, le rabbin, le lama en
lévitation ! Ah ! Ben, l’uniforme, la panoplie ça pose immédiatement
le bonhomme et la fonction ! S’il est pas barbu, s’il porte un tutu, s’il
n’a pas le chapeau de carnaval, si y se balade en string, ah… Mais y perd pas
mal en crédibilité, en pouvoir ! Tiens ! Je vois mon pote, Marcel
Diouf, qu’est vigile à SuperInterHyper ! L’été, vu qu’il souffre des
glandes de ses pieds, mais… Dès qu’y met des tongs, mon vieux, les anciennes
refusent d’ouvrir leur cabas dès qu’il veut les contrôler ! Elles le
respectent plus ! C’est le même principe, tiens, pour le maitre-chien,
qu’on n’imagine pas assurant la sécurité comme dans les plus belles heures du
Chili en survêtement-baskets décontracte et souriant ! Faut qu’il ait les
rangers de l’armée, l’armée qu’a pas voulue de lui… Faut qu’il prenne l’air
bête et méchant de celui qui veut notre bien et qui ressemble de plus en plus à
son chien ! Et son chien, c’est pas un épagneul breton, sinon, on n’y
croirait pas plus !
On
causait ni mode ni chiffons, ni ethnosociologie, ni philosophie bisounours, ce
beau mouvement qui tend à nous faire admettre, qu’en ce monde merveilleux, tout
va pour le mieux et qu’on est tous pareils ! Tous pareils !
Hé ! Hé ! A condition de respecter nos différences ! Hé !
Hé ! Hé ! Hé ! Hé ! Non, avec Nono, on causait de tout
et de rien ! C'est-à-dire comme des imbéciles de bonne compagnie et de
voisinage sympathique de la météo ! C’est-à-dire de la pluie et du beau
temps ! Et puis on causait de la TV ! Enfin… Des programmes de la TV
puisqu’on se dit tout ! Et puis, on est revenus sur la météo, bref… Des
sujets qui ne sont pas de fâcherie ! Bref, encore et toujours entre
gentlemen !
Faut
vous dire, monsieur, que je suis toujours sur mes gardes avec le gars
Gandon, Norbert de son prénom, Nono de son surnom, vu qu’il est connu sur la
communauté de communes pour être vicelard ! Qu’y soit passé de compteur de
camionnettes à journaliste localier, très localier pour le Tarn-et-Saône libéré
ne change rien à l’affaire ! Déjà, tout petit, il tirait les couettes de
la fille Collet et il pinçait le derrière du petit Bézikian ! Après
le catéchisme, il montrait sa boutique à qui voulait bien la regarder, sans
filtre et sans webcam ! Du monde joli et propre, qui aurait pu, qui aurait
du finir en prison de mœurs, si la police avait autre chose à faire que de
mettre des prunes sur des pare-brises et de rançonner l’automobiliste qui roule
à plus de 50 et moins de 60 sur de la six-voies en ligne droite !
« Les
urgences d’abord ! D’abord faire du pognon ! » Gardiens de la
paix… Comme disait Coluche : « Y feraient mieux de nous la
foutre ! »
J’aime
pas dire du mal, surtout pas au comptoir de l’Oasis, chez Saïd, au bas de la
côte Sainte-Sournoise, mais le Nono Gandon, faut s’en méfier et le surveiller
comme le lait sur le feu, à la fois, il a jamais été pris en flag’, sinon en
flagrant délit de connerie ! Ah ! Pour ça, il en connaît ! Il en
débite des conneries ! Toujours à blaguer en dessous de la ceinture !
Comme par le principe d’Archimède, plus c’est cochon, voire même crade, plus ça
fait rire, et mieux il peut faire son intéressant une fois encore ! C’est
humain !
Y a
de ça y a pas trois jours, c’est pas difficile, l’avant-veille j’avais planqué
des œufs dans le jardin pour la grand-mère, qu’est friande de chocolats,
surtout depuis le début de son Alzheimer ! On n’a que le bon temps qu’on
se donne ! C’est-y pas vrai ? Saïd, malgré sa bonhomie coutumière, allait
fermer ! C’est alors que dans ses réflexions profondes, Nono Gandon m’a
proposé de prendre un dernier ! Un p’tit dernier chez lui, à sa
maison ! Et puisque comme par accoutumée j’avais encore soif, j’l’ai suivi
sans méfiance, vu que lui-même affirme de son propre-chef et par avance qu’il
est bien vicieux, il le reconnaît ! Et comme disait l’abbé Viguier :
« Faute
avouée est à demi pardonnée ! »
Mais…
J’m’attendais pas à un coup tordu de sa part, vu que je suis adulte, en état de
santé apte à me défendre et avec le karma toujours intact. Mais j’estimais en
mon for intérieur qu’il était dans la possibilité de me montrer de belles
saloperies ! Les bières étaient à peine décapsulées qu’il m’a
annoncé : « J’vas t’montrer un drôle de DVD ! »
Il
l’avait dégoté clandestinement, sous le manteau ! C’était de la chose interdite,
bien sûr ! Et comment ! Et sacrément ! J’en ai vu de sacrées
dégueulasseries depuis mon régiment, et depuis que ma sœur a épousé un routier
qui va jusqu’en Ukraine et au Danemark ! Mon beauf Raoul, qu’est bien à
son affaire, et qui se tient bien au courant et au goût du jour des nouveautés
du sexe ! J’en ai vu de sacrées saloperies, vu que mon gamin, il est très
internet ! Mais alors-là, ça dépassait tout ! Mais qu’est ce que j’ai
été me compromettre à mater un truc pareil qu’a pas fini de me travailler
durant mes pires cauchemars ? Pour boire une bière à peine fraiche !
La saleté de moi-même ! On est peu de choses !
Oh !
Le film ? Ne me demandez pas le titre ! Le film à Nono, pas de
titre ! Pas de musique ! Pas de décoration ! Du brut de
décoffrage ! Mise en scène, zéro ! Y avait juste une blondasse, qui
se filmait elle-même ! Ah ! La paroissienne de mes fesses !
Ah ! La drôlesse ! Elle était en T-shirt du PSG, déjà une
honte ! Vu qu’elle était de face, j’ai pas vu le numéro, j’espère que
c’était pas Sakho ! Et là… La salope ! Y a pas d’autres mots !
Excusez mesdames-messieurs ! Si ! J’pourrais dire la grosse
cochonne ! Elle était devant un verre ! Devant une suze ! Elle
en a pris une gorgée, puis elle a allumée un clope ! C’était pas n’importe
quel clope ! C’était du tabac brun, enroulé dans du papier maïs ! Pas
de la clope de chanteur de variété ! Du lourd ! Elle a tiré une
vingtaine de taffes, les yeux droits dans la caméra ! J’ai trouvé ça
honteux ! J’ai trouvé ça dégueulasse ! Plus l’alcool, la Suze et
après la clope, vous savez ce qu’elle a fait ? Elle s’est mise à grignoter
entre les repas ! Là, j’en pouvais plus !
Et
quand elle a commencé à critiquer le gouvernement…