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Dépèches du Tarn et Saone
12 août 2010

Du brut de décoffrage !

(Retranscrit de l'émission sous les étoiles exactement du 6 Avril 2010 de Serge Le Vaillant)

 

Y a de ça oh… Y a pas longtemps, c’est même pas digne de naguère, de l’autrefois ou de l’Antan, comme, et puisque vous êtes bien gentils, tous autant que vous êtes, comme un seul homme, éveillés, réveillés, insomniaques, somnambules, tombés du lit par inadvertance, gardiens de parkings, comme d’autres ont gardé le feu dans les cavernes… Oh ! Non ! Nous n’irons pas jusque-là ! Je ne vous entrainerai pas jusqu’aux temps préhistoriques ! Pourtant, on va rester chez les sauvages ! Vous verriez leurs tronches et vous voteriez pour eux, on casserait du silex d’ici pas longtemps ! D’ailleurs, on n’en est pas loin de casser du silex avec les zèbres élus qui continuent de nous prendre pour ce qu’on n’est pas vraiment ! Enfin… Chacun son métier ! Le notre, c’est de bosser !

 

Y a de ça… Oh ! Toute une histoire et pas grand-chose en définitif ! C’était y a pas trois jours, le long du zinc ! Le zinc… La plupart du temps, je dis le comptoir, j’sais pas pourquoi ! Ca doit à cause, ou grâce à mémé Ursule, qui était une bonne nature, mais elle descendait ses deux casiers de sauvignon quotidiennement ! Mais à l’apéro, attention ! Elle était moins rapide et téméraire ! Elle faisait une manière de pause, toujours à la Suze ! Enfin…. J’ai pas le droit de faire de la pub ! La Suze ! Tiens ! D’ailleurs, je voudrais en faire de la pub ! Tiens ! Même, y me fileraient un petit chèquosse, pour dire du bien, adroitement de ce produit précité, et ben je le pourrais pas quand-même ! D’abord par honnêteté déontologique et puis ensuite et surtout parce que la Suze, j’ai toujours trouvé ça dégueulasse ! N’empêche que mémé Ursule, bonne nature, clamait et proclamait que ça pouvait pas faire de mal, puisque c’est élaboré avec des plantes !

 

Le long du comptoir, donc, ou du zinc, c’est au choix, et je vous parle bien sur de… Ah ! Non ! Ah ! Non ! Non ! Non ! Non ! Vous m’aurez pas cette nuit ! C’était le comptoir de chez Saïd, a l’Oasis, au bas de la côte Sainte-Sournoise, patronne des femmes infidèles, en sortant du bourg à Plouhrinnec-Kermarleur ! Bande de malheureux et d’innocents ! Vous pensiez déjà en votre for intérieur et votre conscience de mécréants que j’allais vous attirer une fois de plus au petit bar de l’Escale, en haut de la côte du Paradis ? Oui ! L’estaminet dont le patron est l’Olivier, qui a été ambulancier dans les années 80, et qu’a fait dans le porno, comme il dit, dans les seventies ! Et ben non ! Que nenni ! Bien eus ! Ca se passait à l’Oasis !

 

J’étions donc au comptoir, pardon… Au zinc de l’Oasis, où Saïd, qui a le sens de l’hospitalité alsacienne, donne des bouts de merguez à la généreuse au moment de l’apéro ! Pas comme un certain gras-du-bide, ancien acteur érotique, qui fait payer les cahuètes au distributeur tout en percevant son pourcentage au passage ! C’était y a pas trois jours ! P’t’être bin vendredi soir ! Nous étions… Ah ! Ben ! C’est encore moins compliqué ! Nous étions deux ! Ouais ! C’est pas difficile à compter, deux ! Ca se trouve même sur les doigts d’une seule main d’un bucheron canadien ! Y avait moi, ça c’est sûr ! Ah ! J’allais oublier Saïd ! Oh ! Y va pas être content ! J’étions donc trois, avec Saïd et avec cet insolite de Norbert, Nono, Gandon, qu’était compteur de camionnettes autrefois aux abattoirs Boulard et fille ! Et puis, qu’est ce que vous voulez ? Un homme est un homme ! On n’est pas de bois, c’est-y pas vrai ? Il lui est venu comme des velléités artistiques ! Quarante heures par semaine dans sa guérite, sous la casquette pour faire genre… Ah ! Oui ! La casquette, c’est pour faire genre ! Ah ! Ca, mon vieux, dès qu’un con veut se prendre pour un flic, manière de rappeler à ses concitoyens un certain ordre, y peut pas s’empêcher mon vieux, faut qu’y mette un uniforme pour faire semblant et pour se mettre en valeur !

 

D’ailleurs, la panoplie vaut bien dans plusieurs domaines ! Si on veut s’arrêter un moment à une réflexion certaine non dénuée de bon sens, force est de constater que l’uniforme semble faire le moine, l’évêque, l’imam, le rabbin, le lama en lévitation ! Ah ! Ben, l’uniforme, la panoplie ça pose immédiatement le bonhomme et la fonction ! S’il est pas barbu, s’il porte un tutu, s’il n’a pas le chapeau de carnaval, si y se balade en string, ah… Mais y perd pas mal en crédibilité, en pouvoir ! Tiens ! Je vois mon pote, Marcel Diouf, qu’est vigile à SuperInterHyper ! L’été, vu qu’il souffre des glandes de ses pieds, mais… Dès qu’y met des tongs, mon vieux, les anciennes refusent d’ouvrir leur cabas dès qu’il veut les contrôler ! Elles le respectent plus ! C’est le même principe, tiens, pour le maitre-chien, qu’on n’imagine pas assurant la sécurité comme dans les plus belles heures du Chili en survêtement-baskets décontracte et souriant ! Faut qu’il ait les rangers de l’armée, l’armée qu’a pas voulue de lui… Faut qu’il prenne l’air bête et méchant de celui qui veut notre bien et qui ressemble de plus en plus à son chien ! Et son chien, c’est pas un épagneul breton, sinon, on n’y croirait pas plus !

 

On causait ni mode ni chiffons, ni ethnosociologie, ni philosophie bisounours, ce beau mouvement qui tend à nous faire admettre, qu’en ce monde merveilleux, tout va pour le mieux et qu’on est tous pareils ! Tous pareils ! Hé ! Hé ! A condition de respecter nos différences ! Hé ! Hé ! Hé ! Hé ! Hé ! Non, avec Nono, on causait de tout et de rien ! C'est-à-dire comme des imbéciles de bonne compagnie et de voisinage sympathique de la météo ! C’est-à-dire de la pluie et du beau temps ! Et puis on causait de la TV ! Enfin… Des programmes de la TV puisqu’on se dit tout ! Et puis, on est revenus sur la météo, bref… Des sujets qui ne sont pas de fâcherie ! Bref, encore et toujours entre gentlemen !

 

Faut vous dire, monsieur, que je suis toujours sur mes gardes avec le gars Gandon, Norbert de son prénom, Nono de son surnom, vu qu’il est connu sur la communauté de communes pour être vicelard ! Qu’y soit passé de compteur de camionnettes à journaliste localier, très localier pour le Tarn-et-Saône libéré ne change rien à l’affaire ! Déjà, tout petit, il tirait les couettes de la fille Collet et il pinçait le derrière du petit Bézikian ! Après le catéchisme, il montrait sa boutique à qui voulait bien la regarder, sans filtre et sans webcam ! Du monde joli et propre, qui aurait pu, qui aurait du finir en prison de mœurs, si la police avait autre chose à faire que de mettre des prunes sur des pare-brises et de rançonner l’automobiliste qui roule à plus de 50 et moins de 60 sur de la six-voies en ligne droite !

 

« Les urgences d’abord ! D’abord faire du pognon ! » Gardiens de la paix… Comme disait Coluche : « Y feraient mieux de nous la foutre ! »

 

J’aime pas dire du mal, surtout pas au comptoir de l’Oasis, chez Saïd, au bas de la côte Sainte-Sournoise, mais le Nono Gandon, faut s’en méfier et le surveiller comme le lait sur le feu, à la fois, il a jamais été pris en flag’, sinon en flagrant délit de connerie ! Ah ! Pour ça, il en connaît ! Il en débite des conneries ! Toujours à blaguer en dessous de la ceinture ! Comme par le principe d’Archimède, plus c’est cochon, voire même crade, plus ça fait rire, et mieux il peut faire son intéressant une fois encore ! C’est humain !

 

Y a de ça y a pas trois jours, c’est pas difficile, l’avant-veille j’avais planqué des œufs dans le jardin pour la grand-mère, qu’est friande de chocolats, surtout depuis le début de son Alzheimer ! On n’a que le bon temps qu’on se donne ! C’est-y pas vrai ? Saïd, malgré sa bonhomie coutumière, allait fermer ! C’est alors que dans ses réflexions profondes, Nono Gandon m’a proposé de prendre un dernier ! Un p’tit dernier chez lui, à sa maison ! Et puisque comme par accoutumée j’avais encore soif, j’l’ai suivi sans méfiance, vu que lui-même affirme de son propre-chef et par avance qu’il est bien vicieux, il le reconnaît ! Et comme disait l’abbé Viguier :

 

« Faute avouée est à demi pardonnée ! »

 

Mais… J’m’attendais pas à un coup tordu de sa part, vu que je suis adulte, en état de santé apte à me défendre et avec le karma toujours intact. Mais j’estimais en mon for intérieur qu’il était dans la possibilité de me montrer de belles saloperies ! Les bières étaient à peine décapsulées qu’il m’a annoncé : « J’vas t’montrer un drôle de DVD ! »

 

Il l’avait dégoté clandestinement, sous le manteau ! C’était de la chose interdite, bien sûr ! Et comment ! Et sacrément ! J’en ai vu de sacrées dégueulasseries depuis mon régiment, et depuis que ma sœur a épousé un routier qui va jusqu’en Ukraine et au Danemark ! Mon beauf Raoul, qu’est bien à son affaire, et qui se tient bien au courant et au goût du jour des nouveautés du sexe ! J’en ai vu de sacrées saloperies, vu que mon gamin, il est très internet ! Mais alors-là, ça dépassait tout ! Mais qu’est ce que j’ai été me compromettre à mater un truc pareil qu’a pas fini de me travailler durant mes pires cauchemars ? Pour boire une bière à peine fraiche ! La saleté de moi-même ! On est peu de choses !

 

Oh ! Le film ? Ne me demandez pas le titre ! Le film à Nono, pas de titre ! Pas de musique ! Pas de décoration ! Du brut de décoffrage ! Mise en scène, zéro ! Y avait juste une blondasse, qui se filmait elle-même ! Ah ! La paroissienne de mes fesses ! Ah ! La drôlesse ! Elle était en T-shirt du PSG, déjà une honte ! Vu qu’elle était de face, j’ai pas vu le numéro, j’espère que c’était pas Sakho ! Et là… La salope ! Y a pas d’autres mots ! Excusez mesdames-messieurs ! Si ! J’pourrais dire la grosse cochonne ! Elle était devant un verre ! Devant une suze ! Elle en a pris une gorgée, puis elle a allumée un clope ! C’était pas n’importe quel clope ! C’était du tabac brun, enroulé dans du papier maïs ! Pas de la clope de chanteur de variété ! Du lourd ! Elle a tiré une vingtaine de taffes, les yeux droits dans la caméra ! J’ai trouvé ça honteux ! J’ai trouvé ça dégueulasse ! Plus l’alcool, la Suze et après la clope, vous savez ce qu’elle a fait ? Elle s’est mise à grignoter entre les repas ! Là, j’en pouvais plus !

 

Et quand elle a commencé à critiquer le gouvernement…

 

 

 

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