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Dépèches du Tarn et Saone
13 novembre 2009

Le comptoir en (faux) teck

(Retranscrit de l'émission sous les étoiles exactement du 4 Novembre 2009 de Serge Le Vaillant)

Au comptoir du petit bar de l’Escale en haut de la côte du Paradis, mais au fait ! J’vous ai jamais parlé du comptoir ! Ah ! Non ! Les habitués le long du comptoir, oui ! Mais jamais, au grand jamais du comptoir lui-même ! Pourtant, qu’est ce qu’on a pu en causer entre nous et avec le patron comme de juste ! Ben oui !

olivier

L’Olivier bien sûr ! Qu’a été ambulancier dans les années 80 après avoir fait dans le porno durant les années seventies comme y dit ! La vie, c’est comme un ouragan ! AU début, y voulait du teck ! J’veux dire pour son comptoir ! Un gars, je ne sais plus qui ? Lui ayant signalé que les bateaux avaient leur pont dans ce bois là, et que ça craignait pas l’humidité !

teck

Comment avait-il dit ? Oui ! Que c’était imputrescible ! Ou quelque chose comme ça ! Bref, que ça ne moisissait pas facilement, facile d’entretien, un coup de paille de fer, et bonjour m’sieurs dames !

Donc, l’Olivier, commande du teck à Marcel. Marcel !

gandon

Marcel Gandon ! Le fils à Dédé, qui demeurait au passage-à-niveau avant Plourhinec-Kermaleur ! Ah ! Faut tout vous expliquer ! Le gars Marcel, « travaux en bâtiment sur commande, devis gratuit » Entre parenthèses, des devis qu’il gonfle toujours, et y a bien souvent du dépassement ! Quand je vois comment il a arrangé ma belle-mère sur la toiture !

belle_mere

Je veux dire la toiture de ma belle-mère ! Pardon… La toiture à ma belle-mère ! Une autre histoire ça…

Donc, Marcel Travaux en bâtiment, ne rêvez pas ! Son entreprise, ça se résume à sa fourgonnette, une 504 break,

504

j’sais même pas s'il a un ordinateur chez lui ! C’est sa femme qui fait tout à la main ! J’veux dire les factures ! Et la vaisselle aussi, surement ! Ah ! Les pauvres gens ! Le jour de l’inauguration du comptoir, du nouveau comptoir, y a Lucien Poilbout,

lucien

qui loupe aucune émission de Nicolas Hulot, vu qu’il aime l’aventure. Lucien y dit : « C’est pas du teck ! » Hé ! Hé ! L’olivier, le patron, parti à rigoler, vu la salaison de la facture, l’aurait fait beau voir qu’on le prenne pour une truffe ! Surtout de la part de Marcel Gandon ! Et ben, il en démordait pas le Lucien Poilbout qu’est pourtant charcutier ! Il a fallu qu’un égaré, ça arrive de temps à autres avec la nouvelle déviation pour rejoindre la nationale, faut voir comment y nous ont mis les panneaux ! Du vrai travail de femmes ! Enfin… Donc, un égaré, qui arrive au petit bar de l’Escale pour demander sa route. Comme il était immatriculé 75, et que censément, ces gens de Paris, ils ont forcément un QI plus élevé que le nôtre, hein ?

etranger

Nous qu’on est de province ! Ils ont une culture générale ! J’vous en cause pas vu qu’ils ont la grande bibliothèque, le Louvre, et même la plage en été ! On lui demande pour le comptoir ! Il a répondu j’sais pas quoi, d’abord qu’il s’en foutait ! En tout cas, que c’était pas du teck, et que c’était plutôt du bois pour faire de la cagette ! Du bois pour faire de la cagette ! Effectivement, après expertise musclée et perquisition à mains nues chez Marcel Gandon, l’Olivier et quelques potes ont découvert qu’on lui avait refourgué de la palette !

palettes

J’veux dire : Pas de la palette de porc !

palette_porc

Du bois pour faire de la palette, qui sert à stocker et à transporter des marchandises ! V’là l’affaire ! Vous me direz, le monde ne s’est pas arrêté de tourner pour autant ! Mais, le Marcel Gandon, interdit de séjour !

introduire_chien

Ah ! Il est pas près de venir prendre l’apéro au petit bar de l’Escale ! Vous me direz encore, on peut vivre sans ! Et d’ailleurs, on va bientôt vivre sans ! Interdit de fumer, interdit de boire, interdit de discuter, interdit de penser trop fort, interdit de rouler en bagnole, interdit de draguer les minettes, interdit de dire minettes d’ailleurs ! Mais personne humaine de sexe féminin ! Et puis surtout pas de sexe opposé ! Ca, c’est agressif ! Péjoratif ! Pas politiquement correct ! Comment ? J’ai entendu sexe faible ? Vous avez dit sexe faible ? Vous vivez dangereusement !

blonde

Interdit de stationner, Interdit de pas avoir son baccalauréat ! Interdit de chasser, de pêcher, interdit de manger la croute du fromage, de la charcuterie si c’est pas industriel, conditionné plastique ! Interdit de manger de la nourriture qui ne soit pas Light ! Light, parce que le cholestérol tue ! A coté de ça, les assurances nous disent qu’y a de plus en plus d’accidents ! A coté de ça, les infos nous claironnent qu’il y a de plus en plus d’agressions, de violences, de vols, de viols ! Hé ! Et donc, heureusement qu’on se rassure en écoutant certains affirmer que tout va très bien madame la marquise, et qu’on va vers des lendemains qui chantent ! Enfin… C’est ce qu’on pense au bord du comptoir !

comptoir

Comptoir raté en palettes ! C’est ce qu’on pense au bord de ce comptoir-là, au petit bar de l’Escale, en haut de la côte du Paradis ! Alors, dites-vous une chose cette nuit ! Que c’est réellement un drame pour Marcel Gandon, Travaux en bâtiment à domicile de ne plus pouvoir étancher sa pépie à l’Escale. Un drame parce qu’il n’est plus au cœur de la vie locale et universelle, en dehors du grand débat de la maïeutique socratique ! Et alors ? Si je veux ! Vous croyiez que tout bistrot qu’il est, l’Olivier se contente de servir des coups ?

accouche

Non messieurs-dames ! Comme le pote de Platon, pardon… A Platon, il accouche les esprits, il attise, il anime, il organise les idées en discussions, en débats qui forgent les convictions collectives et globales. Et oublions jamais que la révolution française est née dans les bistrots ! Hé ! Peut-être pour ça qu’ils veulent les fermer d’ailleurs ! Enfin… Là, j’vous parle des hommes ! Les personnes humaines de sexe féminin, elles, elles vont chez Paulette Coiffure !

Le salon de la Place Jacques Crozemarie ! Sauf que les convictions, là-bas, deviennent plus souvent des rumeurs ! Oh ! Y a quand même des exceptions qui mettent la règle à l’épreuve ! C’est pas essentiellement les hommes d’un coté et les femmes de l’autre ! Par exemple, la fille Rebut qu’est pas fière, et très farces ! Toujours une connerie à raconter ! Remarquez… Normal ! Elle est secrétaire de mairie ! La fille Rebut, Madeleine, Mado comme de juste, a ses habitudes au petit bar de l’Escale sans que personne n’y voie rien à redire !

paulette_coiffure

Manquerait plus que ça ! Une vraie bonne femme, qui va à la chasse en saison, et qu’a pas son pareil pour trouver des champignons ! Si ma moitié était comme elle, franchement, j’aurais pas à me plaindre ! Ouais ! C’est pas la Mado qui m’enguirlanderait si je suis en retard, vu qu’elle, la Mado, elle rentrerait avec moi ! Voire plus tard que moi ! Inutile de vous préciser qu’elle est célibataire la Mado ! Et parfaitement heureuse en apparence ! Elle veut juste un p’tit ! Faire un p’tit ! Mais pour dans 4 ans ! Un soir, sur l’ancien comptoir elle a joué ça au 421 ! Comme j’vous le dis ! Hé ! Hé ! C’est Jean-Louis Pilorget, notre cantonnier, qui a été désigné pour être le géniteur !

gagn_

Oh ! Il lui fera ça bien ! Sans amour, sans sentiments déplacés ! Bien ! Proprement ! Elle aussi ! Elle lui demandera rien de plus ! C’est pas le genre de fille à faire des tracasseries ! Ce serait dommage car Jean-Louis, notre cantonnier, il est déjà marié ! C’est Mado qui nous apprend que le vieux Fernand, Fernand Goujon, est à l’hôpital depuis deux jours.

beret

Du coup, plus personne n’ose réclamer une autre tournée ! Ah ! La maladie, et pire, ça force le respect ! J’veux dire chez les humains ! C’est pas donné à tout le monde, je le reconnais, même de la famille de la victime, qui manquerait pour autant une émission de télévision ! D’autant que tout le monde l’aime bien au pays le vieux Goujon, qui tenait une boutique de je sais plus quoi rue Francis Haulmes. En tout cas, dans sa boutique, y avait des bonbons ! On l’a tous volé le pauvre petit père quand on était gosses ! Impossible qu’il s’en soit jamais aperçu ! Ouais ! Brave gars ! Et finalement, on trinque avant qu’un ange passe. On trinque à la santé du vieux Fernand. L’ange passé, y en a un qui interroge Mado sur les raisons de l’hospitalisation. Elle sait pas ! Elle sait pas la gourde ! Ben c’est bien la peine de travailler ! Enfin… Travailler… A la mairie ! Y en a un qui lance : « Ben, p’t’être qu’il a la pécole ? » Un autre, Edmond Maréchal, il répond en écho : « Ou le taffu ! » Ah ! Oui ! Ca vole pas bien haut mais faut comprendre ! C’est manière d’exorciser ses propres angoisses en liquidant le fond de son énième anisette ! Quand on aime, on ne compte pas ! Chassez le naturel, il revient toujours au goulot ! La Mado lance qu’elle croit qu’elle a entendu peut être ben que ce serait le foie ! Enfin… Du coté du foie ! L’Olivier, le patron, tout en continuant de passer la nénette, le torchon sur un verre ponctue d’un : « Y a des vieillesses pas Cirrhoses que ça ! » Et il répète ! Cirrhose, en clignant de l’œil, des fois que certains gars auraient pas compris ! Hé ! Hé ! On voit qu’il a été dans le spectacle dans les années 70, qu’il sait ponctuer les effets et contrôler son public ! Au petit bar de l’Escale, avec le comptoir raté, on a l’impression que ça ferme jamais. On peut venir à toute heure. Entre deux tournées, l’Olivier qui fait non-stop passe en cuisine. Oh ! Il n’a qu’une porte à franchir. Il se gâte ! Ca se sent, ça se voit. On lui demande : « Ce serait-y pas du poisson que tu fais griller ? » De loin, il répond : « Non ! C’est du veau ! De la blanquette de veau ! » Y cuisine, y mange pareil ! Entre deux rincées, il mange deux bouts devant la gazinière. Un e conscience professionnelle comac, ça force le respect moi j’dis ! De le savoir faire ça, de respirer les fragrances de sa gastronomie approximative, on songe soudainement à nos bourgeoises qui doivent faire de même à la maison ! A se lamenter, à grogner, à ronchonner, à râler à l’idée qu’on arrive en retard puisqu’on le sera définitivement ! Néanmoins, on lève le camp, tout doucement, un à un. Après un salut à la cantonnée, et au cantonnier Jean-Louis Pilorget, lui il part toujours le dernier ! C’est qu’il boit pas vite ! P’t’êt ben aussi qu’y reste quelques minutes pour partager un peu d’intimité avec la Mado ! Elle, j’vous l’ai déjà dit, personne l’attend ! Elle peut rester au comptoir raté jusqu’à des pas d’heures ! « Mais Jean-Louis, te fais pas d’illusions ! Elle a dit dans 4 ans ! »

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